vendredi 27 novembre 2015

En transperçant... Maurice Gaidon, Annonciateurs de la miséricorde


Il est certain que pour un incroyant,
la question majeure de notre temps devient :
peut-il exister une communion sans transcendance,
et sinon, sur quoi l'homme peut-il fonder ses valeurs suprêmes ?
Sur quelle transcendance non révélée peut-il fonder sa communion ?
J'entends de nouveau le murmure que j'entendais naguère :
à quoi bon aller sur la lune si c'est pour s'y suicider ?
André Malraux

Il n'est pas besoin d'aller sur la lune pour se suicider : notre terre n'en finit pas d'enterrer les jeunes et moins jeunes qui choisissent de mettre un terme à leur vie. Les statistiques en ce domaine sont tragiquement éloquentes, mais les mass-medias ont pour consigne de ne pas lever le tabou. Il vaut mieux d'ailleurs ne pas accroître le désespoir d'une humanité toujours tentée par la fascination de la mort ; mais le fait demeure, massif et bouleversant, assez pour que la question de Malraux garde sa pertinence, soulignant au passage le malaise de nos sociétés qui ne savent plus sur quoi l'homme peut fonder ses valeurs suprêmes. Voilà qui ouvre toutes grandes les portes des paradis artificiels, de la drogue, du sexe et de l'ésotérisme de pacotille : les amateurs s'y bousculent, encouragés par des maîtres à penser qui faisaient hier le procès de la religion opium du peuple pour nous bâtir dorénavant une société dans laquelle l'opium est devenu la religion du peuple.
On mesure d'autant mieux la vanité de tant de discours officiels qui, face à ce constat, se contentent de proposer aux électeurs potentiels panem et circenses, veillant jalousement à garantir, coûte que coûte, le niveau de vie auquel ils ont droit ; mais de quelle vie s'agit-il alors ? L'homme guérit-il sa peur de vivre au vu et au su du prix du pétrole et de la hausse du dollar et du cours de l'euro ? Curieuse époque que la nôtre qui enferme l'univers humain dans le ghetto matérialiste des conditionnements économiques : rien d'étonnant qu'il y étouffe et cherche à en sortir par tous les moyens, même les pires.
Et l'Église de Jésus-Christ ? Va-t-elle se contenter, dans son désir de rejoindre la vie des hommes de notre temps, de reprendre les thèmes inlassablement repris des discours généreux sur la justice et la dignité ? N'a-t-elle rien d'original à proposer et peut-elle se contenter d'épouser les utopies à la mode ? Question provocante ? Peut-être, mais c'est l'Évangile qui est provocant lorsque, par la bouche de Jésus lui-même, il nous apprend « que l'homme ne vit pas seulement de pain » (Lc 4, 4). L'Occident ne meurt pas de faim en notre univers de consommation mais connaît la plus douloureuse des frustrations : celle de ne plus savoir pour quoi il vit. Coupé de sa source originelle, arraché du Cœur de Dieu, l'homme moderne connaît le poids de la solitude et l'angoisse d'avoir à affronter les autres, ses frères en humanité.
Ce diagnostic sans complaisance, l'Église de Vatican II l'établissait déjà il y a presque quarante ans quand il livrait son analyse de l'univers contemporain :
Le nombre croît de ceux qui, face à l'évolution présente du monde, se posent les questions les plus fondamentales ou les perçoivent avec une acuité nouvelle. Qu'est-ce que l'homme ? Que signifient la souffrance, le mal, la mort qui subsistent malgré tout le progrès ? À quoi bon ces victoires payées d'un si grand prix ? Que peut apporter l'homme à la société ? Que peut-il en attendre ? Qu'adviendra-t-il après cette vie 1
On trouverait la même analyse dans l'enseignement de Jean-Paul II qui, dans l'encyclique Dives in misericordia reprend à son compte les quelques lignes que je viens de citer pour les conclure ainsi :
Ce tableau des tensions et des menaces propres à notre époque serait-il devenu aujourd'hui moins inquiétant ? Il semble que non. Au contraire, les tensions et les menaces qui, dans ce document conciliaire, paraissaient seulement s'esquisser se sont bien davantage révélées au cours de ces années et ne permettent plus de nourrir les illusions d'autrefois. 2
Un ton qui se fait sévère quand le Pape dénonce la culture de mort qui se répand dans les institutions et les sociétés sous le couvert de lois permissives qui en viennent à banaliser des actes qui attentent à la vie des innocents et légitiment des comportements manifestement contraires à la loi de Dieu. Paroles prophétiques vite emportées par les courants intellectuels à la mode ! L'avenir se chargera pourtant d'en vérifier la justesse et l'évidence...
Pourtant le pasteur n'est pas seulement l'homme du réalisme qui se contente d'enregistrer que ses brebis sont « lasses et abattues ». Lorsqu'il se réclame de l'Évangile, il ose avancer une parole d'espérance et appeler ses frères humains à sortir de leur désarroi :
Il est temps de sortir de votre sommeil... Rejetons les activités des ténèbres ; revêtons-nous pour le combat de la lumière. 3
Le langage de l'Église émet la folle prétention d'apprendre aux hommes à vivre en plénitude, leur promet de goûter la joie que « nul ne peut enlever » (Jn 16, 22), et la paix que Jésus seul peut donner (Jn 14, 27).
Jean-Paul II s'appuyant sur ces promesses évangéliques engage les chrétiens, comme l'avait fait avant lui Paul VI, à bâtir « une civilisation de l'amour ». Il reviendra sur ce thème durant ses multiples voyages à travers le monde :
Devenez davantage les pionniers de la civilisation de l'amour qui seule peut rendre notre monde plus digne de l'homme... Toute l'Europe attend que se réalise en elle cette civilisation de l'amour qui est inspirée par l'Évangile et qui est en même temps profondément humaniste. 4
Ce projet qui suscitera les sourires entendus des sceptiques qui ont depuis longtemps choisi leur camp : celui du cynisme blasé et jouisseur d'hommes dont la philosophie, comme au temps de saint Paul, se résume en ce programme : « Mangeons et buvons car demain nous mourrons » (1 Co 15, 32). Mais un tel projet suscitera l'adhésion de ceux qui sont conscients de l'urgence d'un enjeu fondamental pour aujourd'hui. Vouloir bâtir une « civilisation de l'amour », c'est tout simplement vouloir rendre à l'homme son incomparable dignité en le conduisant jusqu'au cœur de son Dieu. Tel est le but que poursuit Jean-Paul II, au nom d'un Évangile qui annonce que « pour nous et pour notre salut », l'Amour de Dieu s'est fait l'un de nous :
Par son incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d'homme, il a pensé avec une intelligence d'homme, il a agi avec une volonté d'homme, il a aimé avec un cœur d'homme, il est le sauveur de l'homme. 5
Message essentiel que l'Église redit à satiété à une humanité aliénée par l'athéisme : « Homme, reconnais ta dignité » !
« Nous avons le culte de l'homme » : cette phrase prononcée par Paul VI à la fin du Concile a fait quelque bruit. N'a-t-on pas reproché au successeur de Pierre d'avoir substitué la religion de l'homme qui se fait Dieu à la religion de Dieu qui se fait homme ? Étrange contresens que cette interprétation partisane et qui semble oublier que cette affirmation du Pape est à interpréter dans le cadre de la doctrine d'une Église qui croit que l'homme dont elle exalte la grandeur est l'homme en communion avec Son Créateur.
« Voici l'homme » : au cœur de la passion du Christ, l'exclamation de Pilate à la foule l'invite à contempler « l'icône du Dieu invisible » (Col 1, 15), ce visage de chair et de sang qui est Dieu fait homme. La longue fréquentation que la communauté des disciples a entretenue avec le Maître l'amène à proclamer l'audace d'une foi qui affirme sans complexe que :
Le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. Le Christ nouvel Adam manifeste pleinement l'homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation. 6
C'est ainsi que parle Jean-Paul II, dans la foulée de Paul VI et du Concile, mais il faudrait ici écouter d'autres témoins qui ont appris d'expérience que l'Église, en défendant l'homme contre lui-même, est gardienne d'un trésor qu'elle n'a pas le droit de gaspiller :
Dans ta nature, ô Dieu éternel, je connaîtrai ma propre nature.
Sainte Catherine de Sienne
Non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus-Christ.
Hors de Jésus-Christ, nous ne savons ce que c'est ni que notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu ni que nous-mêmes.
Pascal
Le secret suprême de l'humanité, c'est la naissance de Dieu dans l'homme ; mais le secret divin suprême, c'est la naissance de l'homme en Dieu. Dans le Christ, Dieu devient un visage et l'homme, à son tour, connaît le sien.
Berdiaeff
Depuis deux millénaires, l'Église poursuit obstinément sa mission qui est de dévoiler à l'homme sa vocation première de créature façonnée à l'image de Dieu mais trop souvent oublieuse de son origine, et menacée de manquer le but à atteindre. À la Mère Église de l'aider à conquérir sa vérité plénière en s'ouvrant à Dieu dans l'obéissance aimante à l'exemple du Fils ; à elle de lui apprendre que don et sacrifice forgent le cœur évangélique à l'école de Celui qui a livré son corps et versé son sang « pour la multitude ». Tel est le chemin qu'elle veut tracer pour celui qu'elle entraîne à la suite de Jésus, en cet émouvant pèlerinage qu'est toute vie d'homme.
Patiemment l'Église experte en humanité poursuit le long enfantement de l'homme afin qu'il puisse, sur les routes étroitement liées de la contemplation et de l'action connaître la grâce de devenir filial et fraternel en s'arrachant à l'empire des ténèbres pour s'ouvrir à la lumière de l'amour. Un programme que développera, dès le début de l'aventure de l'Évangile, Jean le bien-aimé dans la première épître qui lui est attribuée.
Lent et pénible enfantement, qu'on appelle, en langage chrétien, la conversion : le mot central du message de Jésus.
Il n'y a pas d'humanité nouvelle s'il n'y a pas d'abord d'hommes nouveaux de la nouveauté du baptême et de la vie selon l'Évangile. Le tout de l'évangélisation est donc bien ce changement intérieur...
Les systèmes les mieux conçus deviennent vite inhumains si les pentes inhumaines du cœur de l'homme ne sont pas assainies, s'il n'y a pas une conversion du cœur et du regard de ceux qui vivent dans ces structures
7
On voit que « bâtir une civilisation de l'amour » implique la crucifiante obligation de la conversion. Elle est toujours combat contre le péché qui nous habite et arrachement aux pesanteurs qui nous alourdissent. Programme offert à ceux qui s'engagent dans une nouvelle étape au lendemain du Jubilé de l'an 2000 :
Pour l'homme qui cherche la vérité, la justice, le bonheur, la beauté, la bonté sans arriver à les trouver par ses seules forces et qui reste insatisfait devant les propositions que lui offrent aujourd'hui les idéologies du matérialisme, pour l'homme qui frôle à cause de cette insatisfaction l'abîme du désespoir et de l'ennui, ou qui se sclérose dans une jouissance stérile... l'unique réponse est le Christ... Le Christ vient au-devant de l'homme pour le libérer de l'esclavage du péché et pour lui rendre sa dignité originelle. 8
C'est à la lumière du mystère du Christ qu'il faut réapprendre à lire le mystère de l'homme. Les philosophes modernes se sont livrés à un travail de décryptage et d'interprétation en réduisant leur vision de l'homme à telle ou telle dimension de son être : objet de désirs, passion inutile, faisceau de pulsions, être pour la mort... L'Évangile nous apprend qui est l'homme : un être fait pour aimer et être aimé, habité par le souffle de Dieu, ouvert sur l'éternité, blessé par le péché et guéri par la miséricorde, coopérateur de Dieu pour construire l'univers ; autant de traits pour dessiner le visage fragile d'un être appelé à voir Dieu :
La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, la vie de l'homme, c'est la vision de Dieu.
Saint Irénée
N'est-il pas vital pour le monde d'entendre l'Église lui délivrer ce message libérateur ?
Je reviens à la question tourmentée de Malraux : « À quoi bon aller sur la lune si c'est pour s'y suicider ? » question qui me renvoie au récent témoignage de cette religieuse qui me dépeint l'ambiance de l'univers médical de haute technicité dans lequel elle est soignée : « Tout y est fait pour s'attaquer à la bête qui dévore le corps, mais que devient l'homme concret dans ce monde de panique qui fait tout pour exorciser la mort, insupportable perspective ! Les malades sont en proie à une angoisse et à un désespoir sans fond. Vraiment, je suis comme plongée dans un univers concentrationnaire d'où serait bannie toute espérance puisque Dieu n'y a pas sa place et que les rapports humains sont remplacés par la sécheresse du discours scientifique ». Et cette religieuse d'ajouter qu'elle a compris que sa mission était d'être au milieu de cette souffrance le témoin de la compassion de Jésus et l'annonciatrice de la miséricorde.
La miséricorde, voilà un vocable bien décrié, même en nos églises chrétiennes. Le dictionnaire nous apprend qu'il est composé de deux mots latins : misereri : avoir pitié et cor : le cœur. À chacun de faire son choix entre plusieurs interprétations :
La miséricorde : un cœur qui a pitié,
Un cœur atteint par la pitié,
Un cœur qui accueille la pitié.
Toutes ces interprétations sont valables en terre évangélique puisque c'est là que nous apprenons que « Dieu est riche en miséricorde » et qu'il veut faire surgir une humanité capable de prêter l'oreille à cette essentielle béatitude :
Bienheureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde.
Vérité trop oubliée en notre temps mais qu'il importe de remettre en valeur même si la mentalité contemporaine
tend à éliminer de la vie et à ôter du cœur humain la notion même de miséricorde. Le mot et l'idée de miséricorde semblent mettre mal à l'aise l'homme qui, grâce à un développement scientifique et technique inconnu jusqu'ici, est devenu maître de la terre qu'il a soumise et dominée. Cette domination de la terre[...] ne laisse pas de place, semble-t-il, à la miséricorde. 9
Jean-Paul II a posé ce diagnostic au départ de son encyclique consacrée à la miséricorde. Pour lui, point de doute : le Dieu qu'annonce l'Église s'est manifesté sur le visage et par le cœur du Christ qui a dit : « Qui me voit, voit le Père » (Jn 14, 9). Lui qui est venu pour « sauver et non pour condamner », qui est « passé en faisant le bien » (Ac 10, 38), guérissant, pardonnant et arrachant à la servitude une humanité apeurée et ligotée par le péché est le Dieu auquel les chrétiens ont voué leur vie et consacré leur foi.
 Le Christ confère à toute la tradition biblique de la miséricorde divine sa signification définitive. Non seulement il en parle et l'explique à l'aide d'images et de paraboles, mais surtout il l'incarne et la personnifie.
Il est lui-même, en un certain sens, la miséricorde. Pour qui la voit et la trouve en lui, Dieu devient visible comme Père "riche en miséricorde". 10
Nous atteignons là, au dire du Pape lui-même, le noyau dur de la révélation chrétienne. C'est pourquoi il est temps d'y conduire une Église oublieuse de ses richesses pour qu'elle y puise de quoi annoncer la miséricorde « dont l'homme et le monde contemporain ont un si grand besoin même si souvent ils ne le savent pas ».
Jean-Paul II propose sa propre définition du concept de miséricorde : la rencontre entre Dieu, dans son amour, et l'homme, dans sa misère, que Luc dépeint dans la parabole de l'enfant prodigue (Lc 15). Rencontre qui trouve son aboutissement décisif sur le Golgotha, lieu du salut et de la miséricorde manifestés à tous ceux « qui regardent le Transpercé » (Jn 19, 37) et voient les sources de vie jaillir sous le choc de la lance :
Croire dans le Fils crucifié signifie ‘voir le Père’, signifie ‘croire que l'amour est présent dans le monde’, que cet amour est plus puissant que les maux de toutes sortes dans lesquels l'homme est plongé. Croire en un tel amour signifie croire en la miséricorde. 11
Au cœur du monde, le Cœur de Dieu : telle est la vision dont a vécu l'Église au long des deux millénaires de son histoire. Elle n'a pas d'autre référence aujourd'hui quand elle propose à ses contemporains de bâtir une civilisation de l'amour : projet totalement illusoire si Dieu n'est invoqué que pour justifier le combat pour la justice en oubliant de dire qu'il est d'abord Amour miséricordieux. Propos dérangeant pour ceux qui s'imaginent faire naître un monde marqué par la justice alors qu'ils négligent d'ouvrir leurs cœurs à la miséricorde :
L'expérience du passé et de notre temps démontre que la justice ne suffit pas à elle seule et même qu'elle peut conduire à sa propre négation et à sa propre ruine si on ne permet pas à cette force plus profonde qu'est l'amour de façonner la vie humaine dans ses diverses dimensions. 12
Telle est la tranquille assurance de Jean-Paul II s'avançant à contre-courant des idées à la mode qui misent sur l'avenir radieux d'une humanité devenue fraternelle alors qu'elle exclut de son discours et de ses projets le pardon et la miséricorde. Illusion redoutable, utopique rêverie ! Il est évident qu'il n'y aura pas de « lendemains qui chantent » dans le siècle qui débute si la révélation du Dieu de Jésus-Christ est frappée d'interdit. Propos prophétiques du successeur de Pierre... qui butent sur la surdité des pouvoirs en place en nos cités d'Occident.
Allons à la fournaise ardente du mystère pascal
L'Église sait depuis toujours que son combat pour le salut de l'homme fait sourire « les fils des ténèbres plus habiles que les fils de lumière » (Lc 16, 8). Il n'y a pas si longtemps qu'un dictateur de grande pointure demandait cyniquement : « De combien de divisions le Pape dispose-t-il ? ». Les divisions du Pape se déploient en maintes occasions, suscitant la stupeur des observateurs quand il rassemble des foules de jeunes dans le cadre des JMJ pour leur annoncer de quel amour ils sont aimés, les lancer vers le grand large et les inviter à faire de la sainteté leur programme de vie ! Les armes évangéliques qu'il met à leur disposition sont la tendresse qui désarme et le pardon qui réconcilie. La seule école d'entraînement qui en fournisse le mode d'emploi est à l'enseigne du Cœur miséricordieux du Fils de Dieu :
L'Église professe et vénère d'une manière particulière la miséricorde de Dieu quand elle s'adresse au cœur du Christ. Nous approcher du Christ dans le mystère de son Cœur nous permet de nous arrêter sur ce point – point central et le plus accessible au plan humain – de l'amour miséricordieux du Pères. 13
Provocante proposition que celle-là : la fécondité spirituelle d'une Année Jubilaire est pourtant à ce prix et il reste à souhaiter que l'Église, en ses forces vives, aille « puiser aux sources du Sauveur » en s'approchant, confiante et joyeuse, du Cœur de son Dieu.
Au siècle de sainte Marguerite-Marie, le grand chrétien qu'était Pascal avait compris que l'essence du christianisme nous était livrée dans l'annonce de la miséricorde.
Je lui laisse le soin de nous redire aujourd'hui ce qu'il a exprimé d'incomparable façon :
 La connaissance de Dieu sans sa misère fait l'orgueil.
La connaissance de sa misère sans Dieu fait le désespoir.
La connaissance de Jésus-Christ fait le milieu. On y trouve et Dieu et sa misère.
 14
C'est bien cela ! La connaissance du Christ au Cœur transpercé nous introduit aux sources de la miséricorde. Il suffit d'y aller boire.
Mgr Maurice Gaidon, in Un Dieu au cœur transpercé (Saint-Paul 2001)


1. Concile Vatican II, Gaudium et Spes, n°4.
2. Jean-Paul II, Encyclique Dives in misericordia, n°10.
3. Romains 13, 11-12
4. 19 novembre 1980
5. Jean-Paul II, Encyclique Redemptor Hominis, n°8.
6. Ibid.
7. Paul VI, Evangelii nuntiandi, n°36.
8. Jean-Paul II, Novo millenio Meute, n°16 et suivants.
9. Jean-Paul II, Dives in misericordia, 2.
10. Ibid.
11. Jean-Paul II, Dives in misericordia, 7.
12. Jean-Paul II, Dives in misericordia, 12.
13. Jean-Paul II, Dives in misericordia, 13.
14. Pascal, Pensées, Brunschvicg p.527.