jeudi 3 octobre 2013

En semant... Cardinal Van Thuân, Martyrs d'aujourd'hui

Semen christianorum
Jean-Paul II, dans la lettre apostolique Tertio Millenio Adveniente, nous a invités à cultiver et à garder la mémoire des martyrs de notre siècle : il les a appelés les nouveaux martyrs. Nous connaissons les grandes souffrances de l'Église du XXe siècle en de nombreux pays du monde. Nous n'ignorons pas les histoires des martyrs et des persécutions. Il nous faut toutefois élargir notre regard pour contempler cette réalité de l'histoire de l'Église : le martyre.
L'héritage des martyrs
J'ai vécu moi-même en prison la souffrance de l'Église. Je voyais le temps passer, jour après jour, sans en voir la fin. Je me demandais comme le prophète Isaïe : « Veilleur, où en est la nuit ? Veilleur, où en est la nuit ? » (Is 21,11). Je commençais, à ces moments-là, à mieux comprendre la signification du martyre. Non pas du martyre sanglant, qui était pourtant une possibilité que je voyais devant moi. Mais le martyre d'une vie qui ne pose aucune limite — même pas celle de sa propre conservation — par amour pour Dieu, par fidélité à l'unité et à la communion de l'Église, pour le service de l'Évangile.
Le chrétien ne déprécie pas la vie : en prison je me souvenais des jours heureux de mon service pastoral, comme prêtre et comme évêque, je pensais aux catholiques de mon diocèse, à mes confrères, à mes amis, à mes parents. Quelle joie cela aurait été de les revoir !
Et pourtant ma foi ne se marchandait pas. Je ne cédais à aucun prix, même pas pour avoir une vie heureuse. Il me semblait comprendre un peu plus ce qu'est le martyre : c'est ne mettre aucune limite à l'amour pour le Seigneur, même pas la limite si naturelle de son propre salut, de sa propre vie, de son propre bonheur. Et je pensais à tant de chrétiens prisonniers, souffrants, déportés. Je pensais à ceux qui souffraient de grandes douleurs. Je me souvenais des paroles de la Lettre aux Hébreux : « Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans votre combat contre le péché... » (He 12,4).
On se découvrait en communion avec tant de témoins, entourés par eux : « Ainsi donc, nous aussi, qui avons autour de nous une telle nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui sait si bien nous entourer, et courons avec endurance l'épreuve qui nous est proposée, les regards fixés sur celui qui est l'initiateur de la foi et qui la mène à son accomplissement » (He 12,1-2).
Je pensais aux persécutions, aux morts, aux martyres, endurés pendant 350 ans au Vietnam qui a donné à l'Église tant de martyrs que l'on ne connaît pas : 150 000 martyrs environ.
Je crois même que ma vocation sacerdotale a été mystérieusement mais réellement liée au sang des martyrs du Vietnam, tombés au siècle dernier, tandis qu'ils annonçaient l'Évangile et restaient fidèles à l'unité de l'Église, malgré les menaces de mort et les violences.
Mon arrière-grand-père m'a souvent raconté combien les membres de sa famille avaient été divisés et placés sous la garde de différentes familles non chrétiennes, en vue de leur faire perdre la foi, tandis que son père avait été jeté en prison. Ainsi, à l'âge de quinze ans, mon arrière-grand-père a fait chaque jour un voyage de 30 km pour porter à son père un peu de riz et de sel, prélevés sur ce que lui donnait la famille chez qui il vivait et pour qui il travaillait. Il partait à 3 heures du matin afin de revenir à temps pour son travail.
Du côté maternel par contre, toute la paroisse de mon grand-père fut brûlée vive dans l'église, en 1885, à l'exception de lui seul qui était à cette époque étudiant en Malaisie.
Je crois que la fidélité de l'Église vietnamienne s'explique par le sang de ses martyrs. Les vocations sacerdotales et religieuses, qui enrichissent l'Église au Vietnam, naissent de la grâce de l'épreuve. Les martyrs nous ont enseigné à dire oui : un oui sans conditions et sans limites à l'amour pour le Seigneur. Mais les martyrs nous ont aussi appris à dire non, aux séductions, aux compromis, à l'injustice dans le but de sauver peut-être sa propre vie ou d'avoir un peu de tranquillité...
C'est un héritage. Mais un héritage est toujours quelque chose à accepter. Il n'est ni automatique, ni naturel. On peut le refuser. Dans l'héritage des martyrs, il ne s'agit pas d'héroïsme mais de fidélité. On fait mûrir la fidélité en tournant le regard vers Jésus, modèle de vie chrétienne, modèle de tout témoin, modèle de tout martyr.
Jésus modèle et cause de tout martyre
J'écrivais en prison : « En contemplant la croix, tu trouveras immédiatement une solution aux problèmes qui te troublent »1. Les martyrs ont regardé vers Lui...
Nous pouvons tous le voir dans les moments de son martyre, seul, abandonné, crucifié. Le peuple commente ainsi la fin de ce Maître de Galilée : « Il en a sauvé d'autres. Qu'il se sauve lui-même s'il est le Messie de Dieu, l'élu ! » (Lc 23,35). Tant de miracles, de guérisons, de résurrections, d'enseignement... Pourquoi ne se sauve-t-il pas lui-même ? Les soldats se moquaient de lui : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même » (Lc23,38). Dans l'Évangile de Matthieu, les scribes et les prêtres commentent : « Il en a sauvé d'autres et il ne peut pas se sauver lui-même ! Il est Roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui ! Il a mis en Dieu sa confiance, que Dieu le délivre maintenant s'il l'aime » (Mt 27,42-43).
Jésus ne s'est pas sauvé lui-même : « Jésus, pour se sauver, aurait pu partir de Jérusalem et se réfugier ailleurs : de cette manière il aurait pu trouver une issue pour échapper à la conjuration qui se mettait en place. Il aurait pu s'en aller, prendre cette route qui va de Jérusalem à Jéricho, où il avait placé la rencontre avec le bon samaritain... En s'enfuyant de Jérusalem il se serait peut-être sauvé. Mais il ne le fait pas. Il ne l'a pas fait. Il reste et offre sa vie, sans chercher à se sauver lui-même »2.
Les martyrs ont certainement tourné leurs regards vers lui. Ils n'ont pas écouté les réflexions ironiques et les conseils de ceux qui les entouraient : « Sauve‑toi toi-même ! » Jésus est le modèle de tant de martyrs : « Lui qui, renonçant à la joie qui lui revenait, endura la croix au mépris de la honte, et s'est assis à la droite du trône de Dieu » (He 12,2).
Nous ne savons pas combien ont regardé vers lui dans la solitude des prisons, dans les heures ultimes après la sentence de mort, dans les longues nuits en attente de la main assassine que l'on sait imminente, dans le froid du camp, dans la douleur et la fatigue des marches insensées. Nous ne savons pas combien ont levé les yeux vers lui et ont conformé leur vie à son martyre. Ils sont nombreux, plus que nous le croyons. Il arrivait ce qui est écrit dans la Lettre aux Hébreux : « Oui, pensez à celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle opposition contre lui, afin de ne pas vous laisser accabler par le découragement » (He 12,3).
Beaucoup ont pensé à lui avec intensité et n'ont pas perdu leur âme. Ils ont trouvé une force qui a stupéfié leurs bourreaux, eux qui les considéraient comme des vaincus, comme un objet fragile entre leurs mains. La Lettre aux Hébreux dit encore : « Ils trouvèrent leur force dans leur faiblesse » (He 11,34). Imaginons la stupeur des bourreaux face à cette force qui émane de corps vaincus et d'existences emprisonnées !
Une multitude immense dans l'aujourd'hui de l'Église
Il ne s'agit pas d'histoires anciennes, qui appartiennent désormais au passé. Ce n'est pas seulement l'affaire d'Ignace d'Antioche qui disait : « Il est beau de quitter le monde pour le Seigneur et de ressusciter avec lui ». Jean-Paul II nous a invités, pour ce grand Jubilé, à ouvrir aussi les yeux sur les nouveaux martyrs. Le siècle qui vient de s'achever, si plein de bien-être, d'attachement à la vie et de peur de la perdre, a été également le siècle du martyre chrétien. Les martyrs ont été parmi nous. Ils sont même la force de l'Église du XXe siècle et du siècle qui commence à peine.
Il faut relire la vision de l'Apocalypse dans l'histoire du XXe siècle : « ... c'était une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l'agneau, vêtus de robes blanches et des palmes à la main. Ils proclamaient à haute voix : "Le salut est à notre Dieu qui siège sur le trône et à l'Agneau" » (Ap 7,9-11). Qui sont-ils ? Le vieillard le dit : « Ils viennent de la grande épreuve. Ils ont lavé leurs robes et ils les ont blanchies dans le sang de l'Agneau » (Ap 7,14). Ce sont ceux qui n'ont pas cédé et qui n'ont pas renoncé à aimer, même pour sauver leur vie. Ce sont ceux qui ont cru que le salut appartient à notre Dieu.
Il est bon d'ouvrir les yeux et de relire cette vision à notre époque : on verra une foule de martyrs. Les nouveaux martyrs du XXe siècle. Il ne s'agit pas seulement de quelques-uns. Ce ne sont pas de rares exceptions. Mais une foule immense qui n'est pas facile à compter. Des centaines de milliers d'hommes et de femmes. De nombreux témoignages à leur sujet ne nous sont pas parvenus. D'autres ont été gardés jalousement dans les archives des bourreaux. Le nom de certains autres a été traîné dans la boue, ajoutant l'ignominie au martyre. Ils sont une multitude immense que personne ne peut compter.
Ils appartiennent à des pays différents, parlent des langues différentes, ont des aspects différents. Tant de peuples, tant d'Églises, tant de communautés ont souffert. Jean-Paul II a écrit dans la lettre apostolique Tertio Millenio Adveniente : « Au terme du deuxième millénaire, l'Église est devenue à nouveau une Église de martyrs. Les persécutions à l'encontre des croyants — prêtres, religieux et laïcs — ont provoqué d'abondantes semailles de martyrs en différentes parties du monde. Le témoignage rendu au Christ jusqu'au sang est devenu un patrimoine commun aux catholiques, aux orthodoxes, aux anglicans, aux protestants... » (n°37).
Quand je médite sur le martyrologe de notre siècle, quelques paroles de l'Écriture m'apparaissent comme les colonnes qui soutiennent ce glorieux monument :
« Sine me nihil potestis facere » (en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire, Jn 15,5).
« Omnia possum in eo qui me confortat » (je peux tout en celui qui me rend fort, Ph 4,13).
« Non ego auteur, sed gratia Dei mecum » (ce que je suis je le dois à la grâce de Dieu, 1 Co 15,10).
Martyrs de la charité
Je voudrais faire mémoire de ce « royaume des malheureux » — comme l'a défini une déportée qu'a été le camp des îles Solovski en Russie.
Un détenu se souvient d'une image d'amour dans cet enfer :
Unissant leurs forces, travaillent ensemble un évêque catholique encore jeune et un vieillard au visage émacié et décharné, à la barbe blanche, évêque orthodoxe, âgé mais l'esprit vigoureux, qui pousse énergiquement la charge... Celui d'entre nous qui aura la chance de retourner dans le monde, devra témoigner de ce que nous voyons ici maintenant. Et ce que nous voyons est la renaissance de la foi pure et authentique des premiers chrétiens, l'union des Églises en la personne des évêques catholiques et orthodoxes qui participent unanimement à l'entreprise, une union dans l'amour et dans l'humilité.
Cela se passait aux îles Solovski, alma mater des camps soviétiques. Jean-Paul II a dit : « L'œcuménisme des saints, des martyrs, est peut-être celui qui convainc le plus. La voix de la communio sanctorum est plus forte que celle des fauteurs de division »3. Parmi les martyrs du communisme soviétique, nous pouvons à peine reconnaître quelques visages. Le nom de la plupart d'entre eux n'est connu que de Dieu. Le métropolite orthodoxe de Saint-Pétersbourg, Benjamin, martyrisé en 1922, après un procès fondé sur de fausses accusations, écrivit avant d'être exécuté :
Les temps ont changé et voilà que la possibilité apparaît d'endurer des souffrances par amour du Christ, qu'elles soient causées par les nôtres ou par des étrangers. Il est dur, il est pesant de souffrir, mais à la mesure de nos souffrances surabonde aussi la consolation divine. Il est difficile de dépasser cette frontière et de se confier totalement à la volonté de Dieu. Mais lorsque cela arrive, l'homme est comblé de consolations, il ne ressent plus les terribles souffrances... 
Les terribles souffrances n'ont pas affaibli les si nombreux témoins des camps du nazisme. L’amour y a été vécu, comme le montre saint Maximilien Kolbe, patron de ce difficile XXe siècle, qui n'a pas considéré sa propre survie comme la valeur suprême de son existence : « Fort comme la Mort est l'Amour » (Ct 8,6). La barbarie du système des camps de concentration, ce terrible monde enseveli, école de haine et d'anéantissement de la personne, n'a pas desséché l'amour fort qui va jusqu'au martyre. « Les Grandes Eaux — continue le Cantique des Cantiques — ne pourraient éteindre l'Amour et les Fleuves ne le submergeraient pas » (Ct 8,6).
Une multitude de martyrs qui ne parlaient pas la même langue que les personnes auprès desquelles elles sont mortes, les missionnaires, n'ont pas abandonné leurs communautés au moment du danger ; et ils sont tombés, tandis que les étrangers s'en allaient. Martyrs missionnaires : la peur n'a pas éteint l'amour. Martyrs de l'amour. En 1995, six Sœurs de la congrégation des Pauvres de Bergame sont mortes dans l'épidémie due au virus Ebola au Congo : la cause en est la contagion. Elles avaient voulu rester pour soigner les malades. D'autres sœurs étaient arrivées pour les aider. Toutes sont mortes. On avait demandé à l'une d'entre elles, sœur Dinarosa Belleri : « Mais vous n'avez pas peur, vous qui êtes toujours au milieu de ces malades ? » Elle avait répondu : « Ma mission est de servir les pauvres. Qu'a fait mon Fondateur ? Je suis ici pour suivre ses traces... Le Père Éternel m'aidera ». Ce sont des martyrs de l'amour. Pour les chrétiens, protéger sa propre vie n'est pas une valeur absolue, si le prix à payer est de se détacher de ceux qui ont besoin de nous. L’amour pour les pauvres compte plus que de se sauver soi-même.
Martyrs de la foi. L'évêque arménien catholique de Mardin, Mgr Maloyan, homme de paix, accusé injustement, fut arrêté et forcé à une longue marche avec un convoi de chrétiens. On lui proposa de renoncer à la foi pour se sauver. Il répondit : « Nous mourrons mais nous mourrons pour Jésus ». Il mourut martyr avec ses fidèles en 1915.
Martyrs de la haine ethnique. À Buta, au séminaire, dans un Burundi déchiré par les guerres ethniques, 40 séminaristes, hutus et tutsis, ont été massacrés ensemble le 30 avril 1996 par quelques guérilleros hutus. On leur avait demandé de se diviser entre hutus et tutsis ; les premiers auraient eu la vie sauve mais ils refusèrent de se séparer de leurs compagnons et ils furent tous tués ensemble.
Nous ne pouvons décrire les prodiges de la grâce en tant de nos frères dont la souffrance n'est connue que de Dieu seul. Frères et sœurs, nous ne vous oublions pas !
Témoins de la Pâque du Christ
Combien de martyrs ! Une foule de martyrs ! Martyrs de la pureté, martyrs de la justice, enfants martyrs, femmes et hommes martyrs, peuples martyrs. C'est une grande fresque qui s'étend sous nos yeux : celle d'une humanité chrétienne, douce, humble, non violente, résistante au mal, faible et en même temps forte dans la foi, qui a aimé et cru au-delà de la mort. Cette humanité martyrisée est l'espérance pour le siècle que nous commençons à vivre.
C'est un héritage pour nous chrétiens du XXIe siècle : à embrasser et à choisir. C'est un héritage à embrasser dans la vie de tous les jours, dans les petites et les grandes difficultés, dans le dépouillement de toute agressivité, de toute haine, de toute violence. L'héritage des martyrs s'accepte chaque jour, par une vie pleine d'amour, de douceur, de fidélité. Isaac le Syrien écrivait : « Laisse-toi persécuter, mais toi, ne persécute pas. Laisse-toi crucifier mais toi, ne crucifie pas. Laisse-toi outrager, mais toi n'outrage pas »4.
Il me semble entendre une question qui s'adresse à nous tous en ce carême et en cette pâque du grand Jubilé : voulons-nous embrasser l'héritage de ces martyrs sous le signe de la Croix et de la Résurrection ?
« j'ai vu mon père monter au ciel »
C'est le titre d'un petit livre récompensé par le prix Unesco. L'auteur, un Russe qui habite Paris, nous rapporte avec des paroles émouvantes la vie de son père : un prêtre orthodoxe, pasteur pieux et passionné, qui eut à affronter d'innombrables sacrifices du fait des persécutions. Un jour, durant la guerre, il fut arrêté parce qu'il portait une paire de chaussures qu'un de ses fils, soldat, lui avait donnée. Il fut condamné à mort, car la loi interdisait aux civils l'usage de chaussures militaires. En réalité, c'était un prétexte derrière lequel se cachait, comme véritable motif, son activité religieuse.
Le village entier fut convoqué dans un champ, autour du prêtre, et un capitaine proclama la condamnation. Pour toute réponse, le prêtre se mit à genoux pour prier. Et toute la population s'agenouilla avec lui et pria à haute voix. « Feu » commanda le capitaine, mais les soldats restèrent immobiles. « Feu » cria-t-il encore, mais personne ne tira. Vaincu, le capitaine laissa rentrer le prêtre chez lui, à cheval, entouré de tout le village.
Quelques mois plus tard, tandis qu'il était en voyage pastoral, ce prêtre « disparut » et l'on n'eut plus aucune nouvelle de lui. Tout le monde comprit quel avait été son sort. Aussi, le peuple dit qu'il était parti au ciel sur son cheval.
O Crux, ave spes unica,
Mundi salus et gloria !

François-Xavier Nguyên Van Thuân,
in Témoins de l’Espérance, Retraite au Vatican (2000)

1. F.-X NGUYÊN VAN THUÂN, J'ai suivi Jésus... Un évêque témoigne, Médiaspaul, 1997, p. 79.
2. A. RICCARDI, Le parole della croce, Brescia 1999, p. 13.
3. Tertio Millenio Adveniente, n°37.

4. ISAAC LE SYRIEN, Œuvres spirituelles : les 86 discours ascétiques, 58, DDB, 1981.