jeudi 28 mars 2013

En sauvant... François Cassingena-Trévedy, Jésus meurt sur la croix


C'est lui qui, aux jours de sa chair,
ayant présenté, avec une violente clameur
et des larmes, des implorations et des supplications
à Celui qui pouvait le sauver de la mort,
et ayant été exaucé en raison de sa piété,
tout Fils qu'il était,
apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance ;
après avoir été rendu parfait,
il est
devenu pour tous ceux qui lui obéissent
principe de salut éternel.
(Hébreux 5, 7-9)

Voici la Forme, enfin - tant il est vrai que le Défiguré dans la croix prend figure -, voici l'axe et l'essieu, le moyeu de la roue qui meut les univers. Quelque chose d'inouï se fige et coagule, un sel solide et pur naît de l'obscurité. Du sang, des larmes, de la boue, des ruines, des charniers, et de toute cette matière énorme et insensée que le mal à l’œuvre dans l'histoire accumule et charrie, enfin il se fait Signe : la grande intersection met de l'ordre au chaos. L'heure a sonné au cadran du corps écartelé, du corps incardiné dans la douleur du monde, et l'aiguille indique la méridienne dans le temps suspendu et l'air où rien ne bouge. Écoutez et voyez : le cri est un fruit rouge. L'oreille fine entend la figue à point se fendre en quatre parts sous le soleil de l'arrière-saison. La rose des vents signale l'accalmie que nous obtient la Mort et l'abcès s'est ouvert, de l'excessif Amour. Au cœur de la pivoine apparaît la pervenche, au milieu de la plaie l'ocelle de la Vie, dans le sang le sang bleu de la Divinité, dans l'intaille de la Passion l'intime du Mystère. Maintenant s'accomplit ce que lui-même avait annoncé : sitôt que de la terre vous m'aurez élevé, vous saurez que JE SUIS.

Frère François Cassingena-Trévedy,
in Chemin de croix (Médiaspaul)