mercredi 15 juin 2011

En lisant... Eloi Leclerc, Plus ensoleillé que l'été


Les cigales chantaient dans la pinède autour de l'ermitage. On était aux premiers jours de juin. Il faisait très chaud. Un soleil implacable flambait dans le bleu éblouissant du ciel. Ses rayons abrupts et drus tombaient comme une pluie de feu. Rien n'échappait à cet embrasement. Dans la forêt, les écorces des arbres craquaient sous l'effet de la chaleur. Sur les pentes escarpées de la montagne, les herbes séchaient et jaunissaient entre les rochers brûlants. En bordure des bois, les arbrisseaux et les jeunes plantes vertes encore gonflées par les pluies printanières baissaient la tête tristement. Cependant, près du petit oratoire, quelques pommiers, dont le feuillage commençait à se garnir de fruits, semblaient se tenir tout à fait à l'aise dans cette chaleur. Le grand soleil, comme le feu, éprouve les êtres. Il les oblige à se révéler. Aucune enflure ne lui résiste. Il ne laisse place qu'à la maturité. Seul, l'arbre qui a noué ses fruits s'offre sans crainte à son éclat et à son ardeur.
Aux heures très chaudes de la journée, François aimait venir sous les pins. Il écoutait les cigales et il s'associait intérieurement à leur chant. Il souffrait toujours des yeux. Mais son cœur était tranquille. Au milieu de la grande chaleur, il goûtait déjà quelque chose de la paix du soir. Il lui arrivait sans doute de penser au Chapitre tout proche de la Pentecôte, à la multitude des frères qu'à cette occasion il allait revoir rassemblés à Assise. Il songeait aux difficultés qui, de nouveau, n'allaient pas manquer de surgir et de s'étaler, plus fortes et plus redoutables que jamais, au sein de sa grande famille. Mais il y pensait maintenant sans le moindre trouble, sans serrement de cœur. Même les souvenirs pénibles qu'une telle pensée ramenait inévitablement en son âme n'en altéraient pas la sérénité. Non qu'il fût devenu indifférent. Son amour pour les siens et ses exigences n'avaient cessé de croître et de s'approfondir. Mais il était dans la paix. Pour lui aussi, l'heure de la maturité était venue. Il ne se souciait pas de savoir s'il porterait beaucoup de fruits. Mais il veillait à ce que son fruit ne fût pas amer. Cela seul importait. Il savait bien que le reste lui serait donné par surcroît. Au-dessus de lui, les cigales n'arrêtaient pas de chanter. Leurs notes stridentes avaient l'éclat du feu ; elles tombaient des hautes branches, pareilles à des langues de flamme.
François se tenait assis dans la pinède lorsqu'il vit venir à lui, à travers bois, un frère svelte, encore jeune, à la démarche lente mais décidée. Il reconnut le frère Tancrède. François se leva, alla vers lui et l'embrassa.
Paix à toi ! lui dit-il. Quelle agréable surprise tu me fais là ! Tu as dû avoir bien chaud à monter jusqu'ici !
Oh oui, Père ! répondit le frère qui s'épongeait le front et le visage avec sa manche. Mais cela n'est rien.
Le frère hocha la tête et poussa un soupir. François l'invita à s'asseoir à l'ombre des pins.
Qu'est-ce qui ne va pas ? Raconte.
Tu le sais bien, Père, dit Tancrède. Depuis que tu n'es plus parmi nous, à notre tête, la situation n'a cessé de se dégrader. Les frères, j'entends ceux qui veulent rester fidèles à la Règle et à ton exemple, sont découragés et désorientés. On leur dit et on leur répète que tu es dépassé, qu'il faut savoir s'adapter et, pour cela, s'inspirer de l'organisation des autres grands Ordres. Et qu'il est nécessaire de former des savants qui puissent rivaliser avec ceux des autres Ordres. Que la simplicité et la pauvreté sont de très belles choses, mais qu'il ne faut rien exagérer et qu'en tout cas cela ne suffit pas. Que la science, la puissance et l'argent sont aussi indispensables pour agir et pour réussir. Voilà ce qu'ils disent.
Ce sont sans doute toujours les mêmes qui parlent ainsi, observa simplement François.
Oui, Père. Ce sont les mêmes. Tu les connais. On les appelle les novateurs. Mais ils en ont séduit beaucoup. Et le malheur, c'est que, par réaction contre eux, certains frères se laissent aller à toutes sortes d'excentricités du plus mauvais goût, sous prétexte d'austérité et de simplicité évangéliques. Ainsi ces frères qui se sont fait rappeler à l'ordre tout récemment par l'évêque de Fondi parce qu'ils se négligeaient complètement et se laissaient pousser une barbe d'une longueur démesurée. D'autres sont sortis de l'obéissance et ont pris femme. Ils ne se rendent pas compte qu'en agissant ainsi, ils jettent le discrédit sur tous les frères et apportent de l'eau au moulin des novateurs. Devant ces abus, ceux-ci ont beau jeu pour imposer leur volonté ; ils se donnent comme les défenseurs de la Règle. Pris entre ces novateurs et ces excentriques, il y a le petit troupeau fidèle qui gémit parce qu'il est sans pasteur. Une vraie pitié ! Enfin, voici le chapitre de la Pentecôte qui approche ! C'est notre dernier espoir. Tu y viendras, Père ?
Oui, j'y viendrai. Et je pense même me mettre en route sans tarder, répondit simplement François.
Les frères fidèles espèrent que tu vas reprendre le gouvernement et que tu réprimeras les abus et juguleras les récalcitrants. Car il est grand temps !
Crois-tu que les autres voudront de moi ? demanda François.
Il faut t'imposer, Père, en parlant net et fort et en menaçant de sanctions. Il faut leur résister en face. Il n'y a que ce moyen-là, repartit Tancrède.
François ne répondit pas. Les cigales chantaient. La forêt soupirait par moments. Une légère brise traversa la pinède, soulevant une forte odeur de résine. François se taisait. Son regard fixait le sol jonché d'aiguilles et de brindilles sèches. Et il se prit à penser que la moindre étincelle jetée au hasard sur ce tapis suffirait à embraser toute la forêt.
Écoute, dit François après quelques instants de silence. Je ne veux pas te laisser dans l'illusion. Je te parlerai net puisque tu le désires. Je ne me considérerais pas comme un frère mineur si je n'étais pas dans l'état que voici : je suis le supérieur de mes frères, je me rends au chapitre, j'y fais un sermon, je donne mes avis, et lorsque j'ai terminé, on me dit : « Tu n'as pas ce qu'il faut pour nous, tu es illettré, méprisable ; nous ne voulons plus de toi comme supérieur, car tu n'as aucune éloquence, tu es simple et borné ». Et je suis chassé honteusement, chargé du mépris universel. Eh bien, je te le dis, si je ne reçois pas cela du même front, avec la même allégresse intérieure et en conservant identique ma volonté de sanctification, je ne suis pas, mais pas du tout, un frère mineur.
Très bien, Père, mais cela ne résout pas la question, objecta Tancrède.
Quelle question ? demanda François. Tancrède le regarda, l'air ahuri.
Quelle question ? répéta François.
Eh bien, celle de l'Ordre ! s'exclama Tancrède. Tu viens de me décrire ton état d'âme. Je l'admire. Mais tu ne peux t'arrêter à ce point de vue personnel et songer uniquement à ta perfection. Il y a les autres ! Tu es leur guide et leur Père. Tu ne peux les abandonner. Ils ont droit à ton soutien. Il ne faut pas les oublier.
C'est vrai, Tancrède. Il y a les autres. Et j'y pense beaucoup, crois-moi, dit François. Mais on n'aide pas les hommes à pratiquer la douceur et la patience évangéliques en commençant par frapper du poing tous ceux qui ne sont pas de notre avis, mais bien plutôt en acceptant soi-même les coups.
Mais la colère de Dieu, qu'est-ce que tu en fais ? rétorqua vivement Tancrède. Il y a de saintes colères. Le Christ a fait claquer le fouet sur la tête des vendeurs. Et pas seulement au-dessus de leur tête sans doute. Il est nécessaire parfois de chasser les vendeurs du Temple. Oui, avec perte et fracas. Cela aussi, c'est imiter le Christ.
Tancrède avait élevé le ton. Il s'était animé. Il parlait avec fougue, avec des gestes cassants. Son visage s'était empourpré. Il fit le mouvement de se lever. Mais François lui posa la main sur l'épaule et le retint.
Allons, frère Tancrède, écoute-moi un peu, lui dit-il calmement. Si le Seigneur voulait chasser de devant sa face tout ce qu'il y a d'impur et d'indigne, crois-tu qu'il y en aurait beaucoup à trouver grâce ? Mais nous serions tous balayés, mon pauvre ami ! Nous comme les autres. Il n'y a pas tellement de différence entre les hommes à ce point de vue. Heureusement, Dieu n'aime pas faire le nettoyage par le vide. C'est ce qui nous sauve. Il a chassé une fois les vendeurs du Temple. Il l'a fait pour bien nous montrer qu'il pouvait le faire et qu'il était le maître de sa maison. Mais, tu le remarqueras, il ne l'a fait qu'une fois et comme en se jouant. Après quoi, il s'est offert lui-même aux coups de ses persécuteurs. Il nous a montré par là ce qu'est la patience de Dieu. Non pas une impuissance à sévir, mais une volonté d'aimer qui ne se reprend pas.
Oui, Père, mais en agissant comme tu dis, tu abandonnes la partie purement et simplement. L'Ordre ira à sa perte. Et l'Église en souffrira beaucoup. Au lieu d'un renouveau, elle comptera une ruine de plus. Voilà tout, répliqua Tancrède.
Eh bien ! moi, je te le dis, l'Ordre continuera malgré tout, affirma François avec vigueur, mais sans se départir de son calme. Le Seigneur m'en a donné l'assurance. L'avenir de l'Ordre, c'est son affaire. Si les frères sont infidèles, il en suscitera d'autres. Et peut-être ceux-ci sont-ils déjà nés. Quant à moi, le Seigneur ne m'a pas demandé de convaincre les hommes à force d'éloquence ou de science, encore moins de les contraindre. Il m'a simplement fait savoir que je devais vivre selon la forme du saint Évangile. Et quand il m'eut donné des frères, je fis écrire une règle en peu de mots. Le Seigneur Pape me la confirma. Nous étions alors sans prétention et soumis à tous. Et je veux demeurer dans cet état jusqu'à la fin.
Il faut donc laisser les autres agir à leur guise et tout subir sans rien dire ! repartit Tancrède.
Pour moi, dit François, je veux être soumis à tous les hommes et à toutes les créatures de ce monde, autant que d'en-haut Dieu le permet. Telle est la condition du frère mineur.
Non, là vraiment, Père, je ne te suis pas, je ne te comprends pas, dit Tancrède.
Tu ne me comprends pas, reprit François, parce que cette attitude d'humilité et de soumission te semble lâcheté et passivité. Mais il s'agit de tout autre chose. Moi aussi j'ai été longtemps sans comprendre. Je me suis débattu dans la nuit comme un pauvre oiseau pris au piège. Mais le Seigneur a eu pitié de moi. Il m'a fait voir que la plus haute activité de l'homme et sa maturité ne consistent pas dans la poursuite d'une idée, si élevée et si sainte soit-elle, mais dans l'acceptation humble et joyeuse de ce qui est, de tout ce qui est. L'homme qui suit son idée reste enfermé en lui-même. Il ne communie pas vraiment aux êtres. Il ne fait jamais connaissance avec l'univers. Il lui manque le silence, la profondeur et la paix. La profondeur d'un homme est dans sa puissance d'accueil. La plupart des hommes demeurent isolés en eux-mêmes, malgré toutes les apparences. Ils sont pareils à des insectes qui ne parviennent pas à se dépouiller de leur coque. Ils s'agitent désespérément à l'intérieur de leurs limites. Au bout du compte, ils se retrouvent comme au départ. Ils croient avoir changé quelque chose, mais ils meurent sans même avoir vu le jour. Ils ne sont jamais éveillés à la réalité. Ils ont vécu en rêve.
Tancrède se taisait. Les paroles de François lui semblaient si étranges. Était-ce François ou lui qui rêvait ? Cela l'irritait de se voir ranger parmi les rêveurs. Il était sûr de lui, de ce qu'il voyait et de ce qu'il sentait.
Mais alors, tous ceux qui essaient de faire quelque chose en ce monde sont des rêveurs ! dit-il après un moment de silence.
Je ne dis pas cela, répondit François. Mais je pense qu'il est difficile d'accepter la réalité. Et à vrai dire aucun homme ne l'accepte jamais totalement. Nous voulons toujours ajouter une coudée à notre taille, d'une manière ou d'une autre. Tel est le but de la plupart de nos actions. Même lorsque nous pensons travailler pour le Royaume de Dieu, c'est encore cela que nous recherchons bien souvent. Jusqu'au jour où, nous heurtant à l'échec, à un échec profond, il ne nous reste que cette seule réalité démesurée : Dieu est. Nous découvrons alors qu'il n'y a de tout-puissant que lui, et qu'il est le seul saint et le seul bon. L'homme qui accepte cette réalité et qui s'en réjouit à fond a trouvé la paix. Dieu est, et c'est assez. Quoi qu'il arrive, il y a Dieu, la splendeur de Dieu. Il suffit que Dieu soit Dieu. Seul, l'homme qui accepte Dieu de cette manière est capable de s'accepter vraiment soi-même. Il devient libre de tout vouloir particulier. Plus rien ne vient troubler en lui le jeu divin de la création. Son vouloir s'est simplifié et en même temps il s'est fait vaste et profond comme le monde. Un simple et pur vouloir de Dieu, qui embrasse tout, qui accueille tout. Plus rien ne le sépare de l'acte créateur. Il est entièrement ouvert à l'action de Dieu qui fait de lui ce qu'il veut, qui le mène où il veut. Et cette sainte obéissance lui donne accès aux profondeurs de l'univers, à la puissance qui meut les astres et fait éclore si joliment les plus humbles fleurs des champs. Il voit clair à l'intérieur du monde. Il découvre cette souveraine bonté qui est à l'origine de tous les êtres et qui sera un jour tout entière en tous, mais il la voit déjà répandue et épanouie en chaque être. Il participe lui-même à la grande forme de la bonté. Il devient miséricordieux, solaire comme le Père qui fait resplendir son soleil avec la même prodigalité sur les bons et les méchants. Ah, frère Tancrède ! Que la gloire de Dieu est grande ! Et le monde ruisselle de sa beauté et de sa miséricorde !
Mais, dans le monde, repartit Tancrède, il y a aussi la faute et le mal. Nous ne pouvons pas ne pas les voir. Et, en leur présence, nous n'avons pas le droit de demeurer indifférents. Malheur à nous si, par notre silence ou notre inaction, les méchants s'endurcissent dans leur malice et triomphent.
C'est vrai ; nous n'avons pas le droit de demeurer indifférents devant le mal et la faute, reprit François. Mais nous ne devons pas non plus nous irriter ni nous troubler. Notre trouble et notre irritation ne peuvent que gêner la charité en nous-même et dans les autres. Il nous faut apprendre à voir le mal et la faute comme Dieu les voit. Cela précisément est difficile. Car, là où nous voyons naturellement une faute à condamner et à punir, Dieu, lui, voit tout d'abord une détresse à secourir. Le Tout-Puissant est aussi le plus doux des êtres, le plus patient. En Dieu, il n'y a pas la moindre trace de ressentiment. Quand sa créature se révolte contre lui et l'offense, elle reste toujours à ses yeux sa créature. Il pourrait la détruire, bien sûr. Mais quel plaisir Dieu peut-il trouver à détruire ce qu'il a fait avec tant d'amour ? Tout ce qu'il a créé a des racines si profondes en lui. Il est le plus désarmé de tous les êtres en face de ses créatures. Comme une mère devant son enfant. Là est le secret de cette patience énorme qui parfois nous scandalise.
« Dieu est semblable à ce père de famille qui disait à ses enfants devenus grands et avides de prendre leur indépendance : « Vous voulez partir, vous êtes impatients de faire votre vie chacun de votre côté, eh bien, je veux vous dire ceci avant que vous ne partiez : « Si un jour vous avez un ennui, si vous êtes dans la détresse, sachez que je suis toujours là. Ma porte vous est grande ouverte jour et nuit. Vous pouvez toujours venir. Vous serez chez vous et je ferai tout pour vous secourir. Quand toutes les portes vous seraient fermées, la mienne vous est encore ouverte ». Dieu est ainsi fait, frère Tancrède. Personne n'aime comme lui. Mais nous devons essayer de l'imiter. Jusqu'à présent nous n'avons encore rien fait. Commençons donc à faire quelque chose.
Mais par quel bout commencer, Père ? Dis-le-moi, demanda Tancrède.
La chose la plus urgente, répondit François, est de désirer avoir l'esprit du Seigneur. Lui seul peut nous rendre bons, foncièrement bons, d'une bonté qui ne fait plus qu'un avec notre être le plus profond.
Il se tut un instant, puis il reprit :
Le Seigneur nous a envoyés évangéliser les hommes. Mais as-tu déjà réfléchi à ce que c'est qu'évangéliser les hommes ? Évangéliser un homme, vois-tu, c'est lui dire : Toi aussi, tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement le lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu'il sente et découvre qu'il y a en lui quelque chose de sauvé, quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu'il pensait, et qu'il s'éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi. C'est cela, lui annoncer la bonne nouvelle. Tu ne peux le faire qu'en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, désintéressée, sans condescendance, faite de confiance et d'estime profondes.
« Il nous faut aller vers les hommes. La tâche est délicate. Le monde des hommes est un immense champ de lutte pour la richesse et la puissance. Et trop de souffrances et d'atrocités leur cachent le visage de Dieu. Il ne faut surtout pas qu'en allant vers eux nous leur apparaissions comme une nouvelle espèce de compétiteurs. Nous devons être au milieu d'eux les témoins pacifiés du Tout-Puissant, des hommes sans convoitises et sans mépris, capables de devenir réellement leurs amis. C'est notre amitié qu'ils attendent, une amitié qui leur fasse sentir qu'ils sont aimés de Dieu et sauvés en Jésus-Christ ».
Le soleil était tombé derrière les monts. Et brusquement l'air, avait fraîchi. Le vent s'était levé et secouait les arbres. Il faisait déjà presque nuit et l'on entendait monter de partout le chant ininterrompu des cigales.
Éloi Leclerc, in Sagesse d’un pauvre